Les décors des vases de la collection Denon ont servi de source pour concevoir des décors sur porcelaine. Plusieurs exemples remarquables peuvent être relevés parmi les projets de décors que conservent les Archives de la Manufacture de Sèvres.

Ainsi, ce décor de rinceaux, palmettes et fleurs de pavots, qui entoure la figure d’une joueuse de flûte double, emprunte une partie de ses motifs à l’hydrie MNC 41, du Peintre des Danaïdes (IVe siècle av. J.-C.). La figure féminine qui, sur la face principale de cette hydrie, arrose un rinceau à l’aide d’une œnochoé a toutefois été remplacée par une flûtiste; cette figure reprend à son tour la posture des bras d’une flûtiste peinte par Polion sur le MNC 14.


Outre le décor végétal, Dieterle a également reproduit le rameau de laurier du col et la frise de languettes de l’embouchure, ainsi que les postes qui referment la composition, au bas de la panse.
En 1859, un autre projet de décor, anonyme cette fois, retravaille des motifs attestés sur une œnochoé surpeinte de la collection Denon, MNC 68, attribuée au groupe du rameau à points (Apulie, IVe siècle av. J.-C.).


Tout comme son modèle antique, le projet de décor conçu à Sèvres montre un masque du dieu Pan, reconnaissable à ses deux cornes, suspendu par un fil sur un filet blanc bordé de points. De part et d’autre du masque sont suspendues des bandelettes entourées. Ces bandelettes sont entourées d’un motif d’étoile que le peintre de Sèvres a réinterprétées comme des rosettes.
Malgré les différences qui séparent les deux formes, il s’agit dans les deux cas de vases à col étroit et à panses assez renflées dont le diamètre maximal se situe dans le tiers supérieur de la panse.
À Sèvres, la gamme colorée des vases antiques, tétrachromatique, laisse bien souvent place à des décors aux tons pastels, où dominent la violine et le bleu. Cette réinterprétation des décors des vases antiques tranche ainsi avec celle proposée par Wedgewood ou par la manufacture de Capodimonte à Naples.
Plus proche des coloris antiques est une esquisse aquarellée qui évoque immanquablement les motifs difficilement lisibles du col du grand cratère à volutes MNC 1.

Ce projet de décor anonyme fut conçu pour un “vase étrusque à rouleaux”, forme qui reprend celle du cratère à volutes antique. La parenté avec le décor du MNC 1, rendu difficilement lisible par la disparition complète de ses rehauts blancs, est évidente: on peut noter la frise de petites oves sous l’embouchure, la frise de postes, la frise de rosettes et patères, la tête encadrée de rinceaux sur le col (le profil anonyme est toutefois devenu celui la silhouette d’une Minerve casquée, vue de face), le décor de languettes sur l’épaulement, les grandes palmettes sur le côté du vase. Malheureusement, nous ignorons si ce projet de décor fut effectivement réalisé sur un vase en porcelaine. Nous ignorons aussi le motif qui devait orner le centre de la panse. Était-il ou non similaire à celui du MNC 1 ?

Évelyne Prioux